lucas vially

Quadrilateral Cowboy

Une capture d'écran qui montre une invite de commande ouverte sur un pc.
     Derrière se trouve un robot et deux écrans dont l'un affiche le flux de la caméra embarquée du robot.

Sur le toit de l’immeuble où se cache notre repaire, je joue une partie de badminton. Alors que je cours pour intercepter le volant, les corbeaux qui nous regardent s’envolent pour se poser un peu plus loin. Je fais attention à limiter la puissance de mes coups. Pas question de faire tomber le projectile de notre terrain, celui-ci est placé tellement haut que je n’en vois pas le sol. En y réfléchissant, je n’ai que peu de souvenir de ce sol, de la terre. Je vis dans une caravane empilée sur des dizaines d’autres, placées au centre d’une immense tour brutaliste en O. Lorsque je « travaille », c’est sur un gigantesque funiculaire en mouvement, à l’assaut d’un ballon dirigeable, ou même dans un ascenseur spatial.

Si la référence à ma profession est mise entre guillemets, c’est que celle-ci n’est pas approuvée par les autorités. Déçues des innombrables refus que nos offres de mains d’œuvre ont reçus, mes amies et moi avons décidé de gagner nos vies par nos propres moyens, en cambriolant. Nos expertises distinctes et notre sens de l’organisation nous permettent de braver les systèmes de sécurité les plus sophistiqués.

Ma spécialité à moi, c’est le hacking. C’est avec mon PC sous le bras et une multitude de gadgets dans mon sac à dos que j’arrive sur les lieux du délit à venir. Je pose ma moto volante et suis le plan que j’ai établi avec précision. Je force une porte avec une gigantesque pince hydraulique, son écran LED m’indiquant que 3 minutes me sont allouées avant qu’elle ne lâche et m’enferme. J’arrive devant mon premier vrai obstacle, une porte barreaudée. Je prends Nell, mon robot télécommandé, et le jette entre les barres de la porte. Il tombe au sol avec un bruit métallique.
Je pose au sol mon ordinateur et un téléviseur portatif affichant ce que voit mon robot. Avec quelques lignes de commande, je lui demande de faire un tour sur lui-même afin que je scanne la pièce. Juste à coté de la porte, se trouve une datajack, une prise à laquelle je peux me connecter pour pirater des objets environnants. Suivant mes nouvelles instructions, Nell s’en approche, s’y branche, puis m’ouvre la porte. Je ramasse mon équipement et poursuis mon expédition.

J’aperçois maintenant mon objectif : une salle de conférence, et sa table sur laquelle j’aperçois les documents que je dois acquérir. La seule chose m’en séparant est une série de lasers. Le moindre contact avec l’un d’entre eux et le système d’alarme se déclencherait. Je n’ai pas l’intention de jouer à esquiver les tirs de la tourelle que j’aperçois dans un angle, prête à être déployée. Je vais donc faire les choses plus finement.
Devant l’armée de lasers, je pose une valise. J’appuie sur un bouton et celle-ci se déplie, révélant le fusil de précision caché à l’intérieur. Je rentre quelques coordonnées dans l’interface textuelle de mon ordinateur et le fusil se braque, pointant entre les lasers jusqu’à un interrupteur situé de l’autre côté de la salle de conférence. Lorsque je lui ordonne de tirer, il fait mouche et actionne la désactivation des faisceaux rouges. Les documents sont miens. J’adore quand un plan se déroule sans accroc.

Soudain, j’entends un violent CLUNK se réverbérer dans les couloirs du bâtiment. Je n’ai vraisemblablement pas bien tenu compte de mon temps alloué. Les documents dans ma poche ne me sont pas utiles si je suis enfermé jusqu’à l’arrivée du concierge demain matin. La pièce est pourvue d’une gigantesque baie vitrée et je fais le choix du risque pour m’échapper, ce n’est pas comme si d’autres options m’étaient présentées. Je saisis une chaise design dont le prix doit être mirobolant, et la jette contre la vitre qui éclate. L’alarme retentit instantanément, et j’entends les balles fuser près de mes oreilles alors que je me jette en aval. Plus haut, je vois que les dirigeables policiers ont étés dépêchés. L’un d’entre eux tire un missile pour m’intercepter. Je fonce tête baissée, ressent l’explosion derrière moi. Cinq missiles se plantent dans le sol alors que je saute sur ma moto et décolle dans le bruit et la fumée.

C’est saine et sauve que je me dirige vers le marché noir. Grâce à l’argent obtenu à l’issue du casse, je vais pouvoir investir dans une jambe bionique ou un katana électrique.

Les aventures de hackers et de cambrioleurs, bien exécutées, sont parmi les plus palpitantes. Quadrilateral Cowboy nous permet d’incarner les deux simultanément, le tout emballé dans un univers original. Ses niveaux courts qui pardonnent les erreurs peuvent donner une impression de simplicité, mais le support de mods et l’invitation au speedrun rallongent et complexifient l’aventure pour ceux qui le désirent.

lucas vially