lucas vially

Overwatch

Une capture d'écran du jeu vidéo Legends of Runeterra.

Avec les 170 heures que j’ai passées dessus, Overwatch est probablement le jeu PC sur lequel j’ai passé le plus de temps. Je devrais avoir beaucoup à dire dessus, et pourtant je sèche devant ma page. Alors autant rester factuel et retracer mon expérience.

En 2017, mon vécu avec Overwatch était nul. Le jeu avait fait grand bruit lors de son annonce et de sa bêta mais je ne m’y étais jamais intéressé. C’est lorsqu’un ami (qui me le vantait depuis quelque temps) m’a proposé de m’y essayer que j’aie décidé de m’y mettre. J’ai donc dépensé 20 €, révisé tout le lore disponible sur le site du jeu (j’ai une obsession avec les histoires), et enfin commencé à jouer.
Overwatch est un FPS hero shooter, c’est-à-dire ce genre devenu populaire autour de 2016 où chaque personnage a ses capacités propres. Il y en a une qui tire des roquettes en volant avec un jetpack, celui qui donne des coups de marteaux et peut déployer un bouclier géant pour protéger son équipe, ou encore cette sniper dont les tirs blessent les ennemis comme ils soignent ses alliés. Chaque héros possède également une puissante attaque ultime qui se charge en faisant piou piou sur les méchants. Et tout ce joyeux monde se tape dessus en équipes de six, afin d’accomplir des objectifs comme la capture d’un point ou le transport d’un convoi.
L’action est dynamique, les exécutions sont récompensées par de jolis effets, c’est avec beaucoup de plaisir que je découvre le jeu avec mon ami. Nous jouons alors régulièrement, et il m’arrive même de faire des parties seul. Mes alliés d’une partie sont généralement peu organisés, préférant généralement enchaîner les kills plutôt que se coordonner vers la victoire. Il est également rare que l’un d’entre eux accepte de jouer le rôle de tank ou healer, préférant les dynamiques personnages d’attaque. Je me contente d’un lever de sourcil circonspect mais bienveillant, Overwatch me plaît bien.

Au fil de l’année, je découvre les évènements du jeu. Chacun amène des nouveautés ainsi que de nouveaux skins à découvrir dans les lootboxs (j’aime beaucoup découvrir mes nouvelles tenues, aux designs souvent inventifs), le tout pendant un temps limité.
Les Summer Games proposent un mode de jeu (un seul, malgré que « Games » soit accordé au pluriel) mélangeant Rocket League et le personnage Lúcio dont la capacité à repousser les ennemis est ici exploitée sur un ballon, dans des matchs à 3 contre 3. Halloween Terror vient avec Junkenstein, dans lequel les joueurs repoussent des vagues de robots zombies. Winter Wonderland est disponible autour de Noël et dispose de plus de modes de jeux : une bataille de boule de neige et une chasse au yéti (qui se joue de façon asymétrique). Chaque année, le Nouvel An Lunaire n’ajoute que quelques skins. Mais il est suivi par mon préféré de loin : Archives.
Pour chaque édition, Archives sort des « dossiers confidentiel » retraçant le passé de l’organisation Overwatch. À l’occasion, on découvre un nouveau format de PvE scénarisé, où une équipe de quatre se bat contre des ennemis contrôlés par l’ordinateur. On passe d’un jeu compétitif à un blockbuster interactif. Des cinématiques illustrent les évènements, les personnages communiquent durant l’action, et moi je suis ravi (j’ai déjà évoqué mon obsession pour les petites histoires). Le dernier évènement, l’Anniversaire de la sortie du jeu, débloque le contenu de tous les évènements passés.

En 2018, le jeu a été modifié suite à l’ajout du mode deathmatch. Les combats chacun pour soi ont poussé à un équilibrage des héros, qui doivent tous pouvoir se faire face. Les rôles sont plus uniformes, mais il reste difficile de trouver quelqu’un pour soigner durant les matchs. Il m’arrive encore de jouer avec des amis, mais je joue surtout seul. Lorsque je travaille sur un montage vidéo, je fais régulièrement des pauses sur l’un des modes du jeu. Je ne maîtrise pas vraiment tous les héros, si variés, et j’aime jouer en Héros Mystère, un type de partie dans lequel le personnage avec lequel je joue change après chaque mort. Le jeu est mon petit refuge personnel, où j’aime passer du temps lorsque je travaille tard.

2019. Je suis de retour de 6 mois à l’étranger, où l’absence de PC m’a poussé à m’abstenir de jouer pendant la moitié d’une année. Je ne tarde pas vraiment à me remettre à Overwatch. Le jeu change encore, forçant une composition d’équipe équilibrée (2 tanks, 2 en attaque, 2 en heal) qui n’empêche pas les joueurs de continuer à tirer dans le tas sans penser à leur équipe. Tous les problèmes sont là, mais le jeu reste agréable. Je commence tout de même à me méfier de certaines mécaniques abusives : le jeu me pousse à enchaîner les parties grâce à des récompenses distillées au compte-gouttes, juste ce qu’il me faut pour rester accroché. Je gagne des lootboxs avec certaines victoires et les parties sont remplies de micro-récompenses auxquelles je deviens accro comme à du crack.

On est en 2020, et je commence à être agacé par ce qui est devenu une addiction. Je procrastine souvent en lançant une partie au lieu de travailler. J’ignore s’il y a une différence fondamentale dans mes habitudes, mais ce qui était avant une agréable alternance travail/Overwatch semble souvent se changer en un Overwatch/Overwatch. Les mécaniques addictives du jeu se multiplient, avec ces nouveaux défis qui permettent de débloquer un nouveau skin pendant un temps limité. À ne pas rater ! Exaspéré par une série de parties peu satisfaisantes (mais quand même assez pour enchaîner avec une nouvelle), je finis un jour par désinstaller le jeu.

2021, la vie est belle sans Overwatch ! Ou du moins, j’imagine qu’elle l’est. J’ai successivement supprimé et réinstallé le programme plusieurs fois, cherchant à m’échapper pour ensuite subir un manque. Je sais que je devrais faire autre chose : jouer à un nouveau jeu, lire un livre, passer du temps avec des personnes réelles. Je ne joue plus que seul, et souvent, les parties sont fades. Je lance le jeu machinalement, me demandant pourquoi je m’inflige cet acte qui ne plaît plus. Les petits plaisirs comme l’ouverture de lootbox n’ont plus leur effet d’antan, et j’en accumule une centaine dont je n’ai rien à faire. J’ai cherché à changer les choses en m’intéressant au mode compétitif, espérant y trouver de belles équipes où les membres communiquent joyeusement entre eux. Mais je n’y découvre rien de mieux qu’ailleurs, des joueurs sourds-muets, qui ne semblent même pas m’écouter lorsque je tente de partager une tactique dans le vocal de l’équipe. Les rares fois où quelqu’un intervient, c’est généralement pour se plaindre ou m’insulter. Overwatch est supposé être un jeu donnant de l’importance à la stratégie en équipe, mais en récompensant les kills, il a toujours été un jeu multijoueur joué en solo par ses pratiquants.

Mais au final, le jeu est-il vraiment responsable de mon addiction ? (qui n’en est pas vraiment une, en quatre ans j’ai joué en moyenne moins d’une heure par semaine) Certes, il y a toutes ces mécaniques addictives que l’on trouve aujourd’hui dans tous les jeux en tant que service, mais ce qui me fait souvent revenir c’est le jeu en lui-même. Peut-on reprocher à un jeu vidéo de faire revenir le joueur grâce à ses sensations durant les parties ?
Pour ce qui est des équipes désastreuses, j’aurais largement eu le temps de trouver une équipe avec qui jouer régulièrement. Chose que je n’ai pas faite en raison de ma fréquence de jeu, où je picore une partie de temps en temps au lieu de me lancer dans une session de quelques heures. Overwatch a des options intégrées permettant de trouver une équipe, ou de rester avec celle de la partie précédente, pratique lorsque le courant passe bien.
Donc, qui est responsable de ma mauvaise expérience ? Overwatch, ses mécaniques et ses joueurs ? Ou moi ? Probablement un peu des deux.

Mon expérience n’est d’ailleurs pas si mauvaise. Il y a des parties agréables, quelques rencontres sympathiques (comme cette fois où j’ai joué Winston le gorille à lunettes, et passé la partie à hurler comme un singe avec un coéquipier russe). Au final, ma perception du jeu s’est peut-être dégradée quand j’ai commencé à être plus dur avec moi-même, exigeant une productivité incompatible avec un jeu que je connais déjà bien.
Je sais que je ne vais pas arrêter Overwatch, qu’importe le nombre de désinstallation à venir. Je jouerai à sa suite, qui promet de laisser une part plus importante aux missions scénarisées de l’acabit de celle d’Archives, et dont les nouvelles équipes de 5 joueurs promettent de nouvelles dynamiques intéressantes. Et j’irai même jusqu’à lire les romans dérivés de la série, parce que je l’ai dit, j’ai un problème bizarre avec les histoires. Pour ce qui est de mon histoire avec Overwatch, peut-être qu’il n’y en a pas, de problème bizarre. En tout cas, j’ai écrit cet article en alternant avec des parties rapides, et je dois dire que ça m’a plu.

lucas vially