lucas vially

Orwell

Une capture d'écran d'Orwell. Une interface d'ordinateur avec un fichier de renseignements sur Cassandra Watergate. À droite un navigateur ouvert sur un des ses profils de réseau social.

Il y a quelques années, j’ai commencé à lister les œuvres culturelles qui m’intéressaient. Dans un carnet, j’ai noté tous les films que je voulais voir, les livres que je prévoyais de lire, ou les jeux auxquels je souhaitais jouer. Cela m’a aidé à retenir les titres obscurs dont je n’entendais parler qu’une fois, et pendant un moment tout semblait parfait. Mais rapidement, un problème est apparu: impossible de lâcher quelque chose. Quand je commence une série et en ai un avis mitigé, je me force à tout regarder. Je l’ai ajouté à ma liste pour une raison, et je ne veux pas rater un plot twist de génie ou l’histoire qui a défini une génération.

Page 3 de mon carnet, première de ses pages dédiées aux jeux vidéo. Ça fait un moment qu’Orwell y loge, depuis sa sortie en 2016. Et je crois que je l’évite. C’est un jeu narratif, un genre qui semble avoir du mal à se renouveler depuis le Walking Dead de Telltale.

Après un attentat à la bombe, vous êtes recruté par le pays fictif The Nation pour en trouver les coupables. Vous est fourni Orwell, une interface par laquelle vous observez tout ce que les citoyens partagent en ligne. Et ainsi vous vous retrouvez à collecter des données en naviguant sur des sites d’infos, des réseaux sociaux, des conversations par SMS et autres.
Le gameplay est très simple: sur la partie droite de votre écran, vous explorez des pages fournies par votre superviseur. Parfois, une info potentiellement utile est surlignée et vous pouvez choisir de la déplacer vers la partie gauche de votre écran, où toutes les données que vous avez collectées sont organisées.
Plus rarement, ces infos sont surlignées en jaune. Cela signifie que deux d’entre elles sont en conflit, fournissant des infos contradictoires, souvent deux cotés de la même pièce. À vous de choisir quelle interprétation d’un fait vous voulez fournir à vos supérieurs.

Ces choix semblent être les seuls à avoir une réelle importance dans le déroulé du scénario, dont les embranchements ne changent pas radicalement l’histoire. Il ne m’a d’ailleurs pas toujours été évident de déterminer si un évènement était dû à l’un de mes choix, ou à une information approximative que j’avais fournie afin de progresser.
Le scénario, justement, n’a pas réussi à me happer. Les personnages ne sont pas particulièrement intéressants, et j’ai regardé les évènements se dérouler sans intérêt particulier.
J’entrais dans ma troisième heure de jeu, ennuyé de devoir encore faire face au gameplay simpliste et au scénario peu palpitant d’Orwell, et j’ai décidé de lâcher prise. Le jeu est présent dans mon carnet, mais peut-être qu’il n’était juste pas fait pour moi ? J’ai exécuté un Alt+F4 et barré le jeu de ma liste sans en avoir tout vu.

Le jeu n’est pas exempt de qualités, loin de là. Si vous n’êtes pas du tout familier avec la surveillance globale, ou que vous êtes du genre à préparer des manifestations sauvages sur Facebook, alors Orwell peut avoir un rôle éducatif efficace et même être plutôt prenant. Sinon, vous pouvez faire l’impasse. La vie est trop courte pour la passer sur des jeux médiocres.

lucas vially