lucas vially

Legends of Runeterra

Une capture d'écran du jeu vidéo Legends of Runeterra.

Il y a 6 mois, je désinstallais Legends of Runeterra (LoR) de mon disque dur. Je n’étais pas déçu par le jeu de cartes, loin de là, mais j’avais décidé en avoir vu assez pour pouvoir passer à autre chose. Ce genre de jeu multijoueur peut facilement me happer, et avant de commencer, j’avais établi un plan : je découvre les mécaniques, j’apprends à construire un deck, et une fois que j’en suis satisfait, j’arrête tout. De quoi faire un tour du propriétaire tout en m’imposant une fin, afin d’éviter d’accumuler 2000 heures sur le titre.

LoR est l’une des tentatives réussies de Riot Games de se diversifier au-delà de League of Legends, ici avec un jeu de cartes dans l’univers de leur titre phare. Les parties opposent deux joueurs et leurs decks de 40 cartes. Chacun doit jouer ses cartes afin de s’attaquer aux 20 points de vies de l’adversaire (ou à ses unités mises en défense), et il s’agit de bien investir sa mana afin d’invoquer des héros et des sorts. Il est également possible de conserver jusqu’à 3 points de mana afin de les utiliser lors du tour suivant, ce qui ajoute de la profondeur en évitant que la mana ne devienne des points à absolument dépenser avant qu’ils n’expirent.
Les combats sont rythmés et dynamiques grâce à la possibilité de répondre à chaque action de l’adversaire. Un minuteur limite aussi la durée allouée pour réfléchir au coup suivant, et on n’attend jamais bien longtemps avant que l’action ennemie ne soit joué.

Les parties sont également boostées grâce à leur mise en scène. Les unités échangent des phrases des deux côtés du plateau. Le jeu hérite de l’univers déjà bien construit de League of Legends, et les cris de guerre, les lamentations à l’idée de faire face à un ami, tout parvient à ajouter une touche de tension narrative aux batailles, les cartes devenant la représentation d’évènements plus réels et tangibles.
Des unités spéciales, les champions, peuvent monter de niveaux lorsque certaines conditions sont réunies, et l’évolution est accompagnée par une animation (voire une courte cinématique prenant tout l’écran) plutôt spectaculaire, contribuant à l’aspect cinématique des échauffourées.
L’attention aux détails à laquelle on peut s’attendre de la part d’un gros studio est présente, et les affrontements ont de l’impact, ce qui n’est pas forcément donné lorsque ce ne sont que des cartes qui s’affrontent. Mention spéciale pour la créature présente dans un coin de l’écran, totalement inutile à part si l’on souhaite la caresser ou la taquiner pour voir ses réactions.

À vrai dire, cette créature n’est pas vraiment inutile, puisqu’elle est là afin de suffisamment nous attendrir pour sortir le porte-monnaie. En effet, le jeu est gratuit grâce à sa large boutique, principalement constituée d’objets cosmétiques : plateaux de jeu, créatures mignonnes, émoticônes… Toutes ces personnalisations font l’objet d’un soin particulier, mais sont heureusement totalement facultatives. Pour ce qui est de l’acquisition de nouvelles cartes, elle se fait principalement en gagnant des parties ou en accomplissant des quêtes journalières, récompensées par des points d’expérience qui débloqueront des lots de cartes ou de monnaie in-game. On retrouve le plaisir d’ouvrir un deck propre aux jeux de cartes à collectionner, sans qu’une carte légendaire à 10€ ne nous soit mise sous le nez. Il est certes possible d’accélérer le développement de sa collection en achetant de la monnaie ou des decks préconstruit, mais cela ne semble jamais nécessaire.

Car chaque deck peut être construit par tous les joueurs à condition d’en posséder les cartes (au point d’en pousser certains à bêtement copier les decks stars du moment), et la construction est l’un des plaisirs du jeu. Les cartes de LoR sont réparties entre plusieurs factions aux spécialités différentes, et on peut mélanger deux de ces équipes par deck, afin de créer des combinaisons. Mon deck chouchou, par exemple, est formé autour de deux champions : Leona de Targon étourdit un ennemi lorsque je joue une carte avec l’effet Aube, activé lorsqu’elle est la première jouée du tour. Puis Yasuo d’Ionia l’attaque, ce qu’il fait pour tout ennemi étourdi ou rappelé. En ajoutant des cartes complémentaires dans mon deck, en les jouant au bon moment, et avec un peu de chance, je peux réussir à instantanément tuer un ennemi pour chaque carte que je mets en jeu.
C’est ça qui fait l’intérêt de la construction d’un paquet : trouver un gimmick efficace et construire ses fondations, puis le tester, le raffiner jusqu’à être fier de son bébé.

Et des gimmicks, LoR en propose. Le jeu possède des centaines de cartes, des dizaines d’effets et statuts différents. Le jeu a beau être accessible, il a ce qui est le point fort et le défaut majeur de tous les bons jeux de cartes à collectionner : sa complexité. Pour vraiment le maîtriser, il faudra connaître toutes les cartes, étudier leurs utilisations potentielles, construire des stratégies pouvant faire face à toutes les situations possibles. La particularité du jeu vidéo en plus : les mises à jour régulières changent les règles, comme quand j’ai eu la surprise de découvrir en pleine partie qu’une de mes cartes ne fonctionnait plus de la même façon qu’avant.
Pas besoin de réviser pour profiter du jeu, mais il est facile d’être happé et d’être entraîné par le désir de tout comprendre, de construire les decks parfaits jusqu’à accumuler 2000 heures de jeu. Legends of Runeterra a les atouts pour cela.

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