Avant de commencer Mafia II, dont les qualités de film de gangster interactif m’avaient été vantées, j’ai consulté ses évaluations Steam. Pas que j’en ai quelque chose à faire de l’avis de gamers mal-lavés ! Le jeu étant disponible en deux versions (la Classic de 2010 et la Definitive Edition de 2020), je suis venu chercher une comparaison des qualités des deux éditions. Bonne idée ? Oui, jusqu’à ce qu’un idiot commence sa review par ses mots : «Quel plaisir de se replonger dans Mafia II dix ans après ! Ses personnages, sa ville, son scénario et ses moments où [spoil majeur], [spoil majeur], et [spoil majeur] sont sublimés par ce remaster.» Pauvre con, pauvre con, pauvre con ! Il m’aura certes aidé à choisir la bonne édition du jeu, mais le scénario m’aura été gâchée jusqu’à sa fin. C’est donc avec plaisir que je lance The Betrayal of Jimmy, le premier DLC, qui devrait me permettre de profiter d’une partie du jeu dont l’histoire ne m’a pas été préalablement divulgâchée.
La première différence notable avec le jeu de base est le changement de protagoniste. Vito Scaletta est ici remplacé par Jimmy, un chauve taciturne spécialisé dans les sales boulots. On remarque ensuite le système de score influencé par les ennemis tués, la conduite, et d’autres statistiques comme le temps pris pour effectuer les missions qui sont maintenant chronométrées. Le ressenti est donc bien plus arcade, surtout lorsqu’on réalise que l’impasse est faite sur le scénario. Car à part une cinématique en introduction (et à la fin de la campagne), on ne va pas trop se concentrer sur l’histoire. Le Mafia II de base offrait une suite de chapitres et était rythmé par ses cinématiques et évènements scriptés. Maintenant, on progresse en activant des missions disséminées sur la carte. Au lieu de voir notre personnage interagir avec d’autres en vidéo, on a droit à une image générique (du genre concept art) surplombé d’un texte pas très inspiré. « Jimmy, c’est Sammy ! Nos rivaux nous font chier, vas-donc les dézinguer ! » « Jimmy, c’est Tommy ! Il me faut une voiture, va me voler ce modèle précis à l’autre bout de la ville, tu veux ? ». Et les missions ne volent pas bien hauts non plus. Pas très inspirées ou originales, elles auraient pu avoir été générées aléatoirement que ça ne m’aurait pas surpris.
Ce que ce DLC réussit le mieux, c’est de montrer que Mafia II est finalement un jeu médiocre tenu à bout de bras par son scénario et sa mise en scène sans lesquelles l’ennui règne. Rouler vers une mission épinglée sur la map, lire un texte, rouler jusqu’à un objectif, abattre 15 ennemis, puis rouler jusqu’à un point d’extraction… J’ai l’impression de jouer à GTA 3. Ou pire, un jeu Ubisoft. The Betrayal of Jimmy plaira à certains joueurs peu exigeants. Moi-même, je peux très bien imaginer passer un bon moment dessus, par exemple en passant la manette (ou plutôt le clavier/souris, mais ça sonne moins bien) à un ami, jouant à tour de rôle en se racontant des bêtises à 2h du mat’. Mais à 15h, seul dans un grand salon mal chauffé, enchaîner ses missions ne m’aura pas convaincu.
lucas vially