Le « patient gaming », qui consiste à jouer à des jeux sortis depuis quelque temps, a ces avantages. Les prix d’achats sont moins élevés, les joueurs nous ayant précédé ont témoigné des qualités ou des défauts du jeu, et surtout, les bugs sont corrigés et le contenu complété. Souvent, une expérience de jeu est meilleure lorsque sa sortie date d’au moins quelques mois. Mais il existe des exceptions.
J’ai commencé GoNNER à l’aveugle, ne connaissant de lui que son gameplay de platform shooter et rogue lite. Les débuts sont étranges, un peu déroutants. Notre personnage tombe du haut de l’écran sous la forme d’un simple blob à pattes. Lorsqu’il touche le sol, je le dirige vers la droite de l’écran, et une amicale baleine volante commence à me suivre. Bientôt je trouve un crâne qui me servira de tête, une arme, et un objet me permettant de recharger régulièrement. Je collecte quelques étranges runes, et elles s’accumulent dans un coin de l’écran, sans que je connaisse leur utilité. Puis je rentre dans un intestin à tête de chat qui me régurgite dans un niveau empli d’ennemis.
Je me mets à défourailler. Je parcours l’écran en tirant sur les ennemis, en leur rebondissant dessus. Je découvre que je peux effectuer un double saut ou tirer derrière moi lorsque je me colle à un mur. Les mécaniques se dévoilent alors que je comprends certaines subtilités. Je trouve d’autres armes, d’autres objets, où d’autres crânes (qui attribuent un nombre de vies différent en échange d’un pouvoir). À ma première mort, j’apprends que les runes que j’ai accumulées, si j’en ai assez, sont échangées contre un continue qui me permet de continuer à jouer au lieu de tout recommencer. Elles peuvent aussi être échangées contre des attributs dans les boutiques que l’on visite régulièrement. Le génie de ces runes vient surtout du fait que la meilleure façon d’en récupérer est d’effectuer un combo en exécutant cinq ennemis dans un cours laps de temps. Cela pousse à exécuter les ennemis rapidement en jouant le yamakazi sur les plateformes, ce qui rend le gameplay particulièrement nerveux et plaisant.
Malheureusement, GoNNER n’est pas exempt de défauts. Lorsque notre avatar est touché par un ennemi, il s’écroule
en morceaux, et il faut vite tenter de ramasser tous nos attributs avant qu’une mort définitive survienne. Les
premières fois, la mécanique est amusante et participe à l’atmosphère du jeu. Mais interrompre les phases de tir
pour se reconstruire devient vite agaçant, à tel point que j’ai dû choisir de jouer avec le crâne cubique, qui
permet de ne pas disperser mon corps en échange d’une barre de vie réduite.
À noter aussi, le caractère mystérieux des débuts devient plus problématique lorsque certains aspects sont encore
incompréhensibles après plusieurs heures de jeu. À ce jour, je n’ai toujours pas compris à quelle fréquence et par
quel moyen l’usage des objets se régénère.
Mais le vrai problème du jeu se rencontre après avoir fini le premier monde. On y découvre un nouvel environnement empli d’ennemis volants et de plateformes éphémères, tous flottants au-dessus du vide. Les ennemis sont souvent difficiles à atteindre, se trouvant au-dessus de l’avatar qui manque de plateformes pour évoluer en hauteur. Une gigantesque fosse se trouve en dessous du niveau, et après avoir pris un coup, il faudra parcourir cette grande étendue pour récupérer nos membres éparpillées avant de chercher un moyen de remonter. Ces niveaux-là sont plus longs, et imposent un rythme différent qui devrait prendre un temps excessif lors de vos runs.
Ce monde a été ajouté lors de la mise à jour transformant le jeu de base en sa BLüEBERRY EdiTION. Il n’est pas
mauvais, sauter d’ennemis en ennemis est amusant et transforme la partie en un numéro de funambule volant, où il
faut constamment se repositionner pour progresser sans retomber. Mais il est tellement différent du reste du jeu
qu’il aurait pu en être un autre, et qu’il ruine l’expérience principale.
Si ce contenu supplémentaire pouvait être désactivé, ce ne serait pas si grave, mais il est obligatoire. Il est
donc impossible de jouer à l’expérience originale, bien plus équilibrée et agréable. Le GoNNER original, celui
dont on m'avait vanté le style graphique unique, la musique étrange, le gameplay hyperactif, n’existe plus.
Parfois, il vaut mieux jouer à un jeu à sa sortie, avant qu’il ne se sabote lui-même.