lucas vially

Crossy Road (Logicom Le Posh 178)

Une photo d'un téléphone mobile simple. Sur l'écran, un jeu montre une poule prête à traverser une route.

J’ai un téléphone mobile, mais ce n’est pas un smartphone. Un «dumb phone» a l’avantage d’être dépourvu de toutes les distractions inutiles d’un iPhone 12 XS+, et est également moins cher à rembourser lorsqu’il rend l’âme. Quand un bouton du GSM que j’utilise depuis plus de 7 ans a cessé de fonctionner, j’ai simplement lâché 10€ pour obtenir un nouveau téléphone. Alors que je me familiarisais avec les menus de l’appareil, j’ai découvert qu’il était pourvu de jeux, dont Crossy Road.

Initialement sorti sur iOS et Android, Crossy Road est une sorte de Frogger revisité, où un avatar progresse sur un chemin coupé par des routes et des rivières. En évitant les voitures et traversant les cours d’eau grâce à des rondins emportés par le courant, le joueur gagne des points jusqu’à sa mort inéluctable. C’est donc un runner simple, médiocre, tout ce qu’il y a de plus classique. Mais médiocre ne veut pas dire mauvais, et ce n’est pas pour rien que le jeu a été téléchargé des centaines de millions de fois. Seulement, tout ce qui fait son attrait sur smartphone est absent de la version installée sur mon téléphone.

Bien que répétitif, l’original est agréable à jouer grâce à l’attention prêtée aux détails, au «jus». Ce terme désigne la capacité d’un jeu à répondre positivement à toutes les micro-actions du joueur afin de rendre l’expérience plus gratifiante. Dans Crossy Road, un personnage qui saute va légèrement s’allonger afin d’accompagner le mouvement du saut, le tout avec un léger bruit rigolo. Sauter sur un rondin l’enfonce légèrement dans l’eau, et on l’entend craquer comme dans un ASMR. Et chaque mouvement, chaque interaction réagit ainsi.

Le Crossy Road d’origine offre également une forme de progression. Des pièces peuvent être accumulées en les ramassant sur le parcours ou en accomplissant des défis occasionnels (effrayer trois oiseaux, par exemple), et les collecter permet d’obtenir un nouvel avatar choisi aléatoirement parmi les centaines créées pour le jeu.
D’autres personnages sont débloqués en effectuant des actions secrètes. Par exemple, le touriste, un personnage au ventre rebondi habillé en short et débardeur, peut collecter des mojitos afin de déverrouiller une nouvelle créature. Chaque nouvel avatar modifie plus ou moins le jeu avec de nouveaux environnements (espace, banquise, Australie…), bruitages, défis et surprises assortis à son apparence propre. On fait facilement impasse du gameplay fade afin de découvrir de quelle façon ce nouveau canard chapeauté va traverser la route.
Il est également possible de débloquer du nouveau contenu en faisant un score exceptionnel durant les défis journaliers, et l’accent est mis sur le score pour ceux qui souhaiteraient se comparer à leurs amis grâce aux fonctionnalités intégrées.

Sur mon téléphone, rien de tout ça. Le jeu est minimaliste au possible. Pas de jolies animations, un bruitage unique est trop bruyamment expulsé des enceintes à chaque mouvement. Pas d’objectifs à atteindre, car il n’y a rien à débloquer. Pourtant des pièces se trouvent sur le parcours, vestiges du jeu originel, inutiles mais présentes parce qu’il fallait être là.
Le jeu tourne mal sur l’appareil, et chaque mouvement vient avec un lag, l’écran s’immobilisant pendant un instant. Il devient facile de mal calculer ses mouvements en appuyant plusieurs fois sur une touche avant que ces actions ne soient exécutées.
Pour couronner le tout, alors que le jeu est initialement un free-to-play, il est ici vendu à 4,50 euros après que quelques parties offertes soient consommées. Pourquoi, pour qui ?
Autant dire que je n’ai pas sorti le porte-monnaie pour acquérir cette version de Crossy Road. Mais j’en tire quand même une leçon : deux interprétations du même gameplay peuvent aussi bien mener à une expérience correcte que catastrophique.

lucas vially